« Levez-vous et allez-y. »
Elspeth Beard, qui est aujourd'hui une architecte de renom dont le travail a été maintes fois récompensé, a exploré le monde sur deux roues pendant trois ans au début des années 80. Ce fut un voyage de plus de 55 000 kilomètres. Dans cette interview exclusive, elle nous parle de son amour pour les motos boxer BMW, en particulier la R 60/6, qui l'a accompagnée au cours de son voyage autour du monde.
À quoi ressemblait le monde de l'aventure dans les années 80 ?
Le monde semblait beaucoup plus vaste à l'époque. Il n'était pas facile d'obtenir des informations sur les pays vers lesquels j'espérais voyager. C'était comme si je me rapprochais de l'extrémité du monde. Je n'avais qu'une carte vague pour la plupart des pays, et dans certains pays il n'y avait même pas encore de cartes.
Est-ce que ton entourage a compris ce que tu faisais à l'époque ?
La plupart des gens autour de moi ne comprenaient pas. Tous mes amis ont pensé que j'étais cinglée, et beaucoup pensaient que je reviendrais au bout de trois mois au maximum. Ma mère a tout essayé pour me dissuader d'entreprendre ce voyage. Elle n'arrivait tout simplement pas à comprendre. Sa dernière tentative fut de menacer de me déshériter si je partais.
Est-ce que tu devais entretenir ta R 60/6 régulièrement ?
J'étais très bonne mécanicienne. Je faisais la vidange d'huile tous les 3000 kilomètres, où que je me trouve, et je prenais extrêmement soin de la R 60/6. Parce que je savais qu'il fallait qu'elle me ramène à la maison. Je passais plus de temps à m'occuper de ma moto que de moi-même ! Lorsque je cherchais un logement, c'était plus important pour moi qu'il y ait un parking sûr à l'écart de la route qu'un lit confortable ou une chambre avec une douche.
Et elle fonctionne toujours après 30 ans ?
Oui, je m'en suis encore servi l'année dernière. Elle est restée immobile pendant 18 ans. Je l'ai sortie du garage, j'ai changé l'huile complètement, monté une nouvelle batterie, changé le carburateur, puis j'ai tourné la clé et à ma troisième tentative elle a démarré. Je pense qu'il y a peu de motos qui en feraient autant.
Plus de 30 ans après ton retour, tu as décidé d'écrire un livre sur ton voyage.
Il y a un an et demi, un agent d'Hollywood m'a contactée. Il voulait racheter les droits de mon histoire pour en faire un film. Je me suis donc dit que c'était un bon moment pour écrire un livre. Comme je ne suis pas écrivain, je me suis tournée vers Robert Uhlig, qui a également écrit le livre « L'échappée belle » avec Ewan McGregor et Charley Boorman. C'est un livre formidable et j'espère qu'il sera publié prochainement.
Qu'est-ce que tu as appris à propos de toi-même au cours de ce voyage ?
Pendant mon voyage, j'ai appris qu'il n'y avait aucun problème qui soit impossible à résoudre, et qu'il est parfois nécessaire de suivre des approches alternatives pour résoudre certains problèmes. Lorsque j'arrive à une frontière et que le garde ne me laisse pas passer, je pose tout simplement ma tente et j'attends qu'il ait fini son service. Comme ça, je peux traverser la frontière une fois qu'il n'est plus là.
En Inde, quel que soit l'endroit où elle s'arrêtait, elle était toujours entourée d'une foule de personnes.